Le samedi 9 Avril 2016, les Roannais de Vincent Decaluwe ont réussi l’exploit de renverser l’Olympique Lyonnais sur leur pelouse (3-2) après un match exceptionnel de sérénité et de qualité !
Le contexte du match
« Ce match remonte à quelques années, mais les souvenirs sont toujours intacts avant de raconter cette journée ».
C’est ainsi que l’entraîneur de l’époque, Vincent Decaluwe, commence son récit de cette magnifique journée de football.
Les Roannais se présentent en ce premier week-end des vacances d’Avril avec un groupe remanié pour affronter l’Olympique Lyonnais. Premier non-reléguable en Ligue Élite, le groupe de Vincent Decaluwe, sous les couleurs du Loire Nord FC, est amputé de quatre joueurs, et fait appelle à Hugo Depalle pour son premier match avec le groupe pour ce déplacement qui s’annonce difficile.
En face, c’est un redoutable adversaire qui attend nos roannais, le meilleur centre de formation français incontesté, l’Olympique Lyonnais, leader invaincu de la poule.
L’avant-match
« J’aimais bien arriver longtemps à l’avance sur le terrain, notamment à l’extérieur » explique celui que l’on appelle au club « VDE ».
Malheureusement, les bouchons lyonnais auront raison de ses habitudes, et le groupe se présentera à une heure du coup d’envoi sur la plaine de Gerland.
Une causerie éclair est donc choisie par le coach : « aucun mot sur l’adversaire, sur le match de notre vie, sur un exploit possible. J’ai simplement insisté sur le fait de s’amuser et de jouer notre jeu sans chercher à contrecarrer l’OL, avec pour objectifs de défendre haut et faire du jeu. »
Une causerie conclue par une phrase qui fait toujours sourire VDE et son dirigeant de l’époque, Christian Soisson dit « Kiki » : « de toute façon, c’est simple : on joue, on gagne, et on s’en va ». Une phrase prémonitoire ?
La première période
Après un échauffement de qualité sous une forte chaleur, les Roannais sont prêts pour le coup d’envoi. Vincent n’a pas oublié les premières actions, qui auraient pu d’entrée de jeu amener son groupe à une lourde défaite, le scénario le plus probable avant la rencontre.
« Je me souviens que sur l’engagement, nous jouons trois passes consécutives vers l’arrière, Lyon déclenche une énorme pression sur nous et récupères la balle. Ils frappent en touchant la transversale, et trois minutes plus tard, énorme action devant nos buts. Sur le banc, nous nous sommes dits que nous allions énormément souffrir… »
Malgré cette entame de match difficile, la défense roannaise tient bon durant 20 minutes.
Puis Noah Fouillet et Baptiste Vial commencent à gagner des duels, ce qui permet au groupe de défendre plus haut et d’amener du danger devant le but adverse.
Jusqu’à la pause, le match tombe dans un faux rythme, la chaleur n’aidant pas les 22 acteurs. « Ce rythme nous allait bien » confie VDE, et le score est de 0-0 à la pause.
La seconde période
« À la pause, je reçois un sms du coach de l’AS Saint-Priest me disant qu’il a perdu contre Annecy, notre concurrent direct. En cas de défaite ce jour-là, nous basculions relégables… Je n’en parle pas au groupe, mais je suis chagriné » nous livre VDE.
La deuxième période commence bien pour nos roannais, et le n°8 Hakim Chergui obtient un pénalty après dix minutes de jeu. Lucas Da Cunha se charge de le transformer et les bleus prennent l’avantage (50′, 0-1).
VDE explique que cette ouverture du score « a véritablement sonné le réveil de Lyon, qui n’avait pas fait de folie sur les 30 dernières minutes, donc ils ont réagi et se sont montrés totalement présents. »
L’égalisation ne tarde pas, et Lyon revient dans la rencontre (58′, 1-1).
L’un des tournants du match intervient alors, avec un duel remporté par le gardien Loic Moal face à William Geubbels. Si l’actuel attaquant de l’AS Monaco avait marqué sur cette action, le match aurait pu basculer.
Vincent fait ensuite entrer en jeu Hugo Depalle pour son premier match en Élite : « Je fais entrer Hugo à 20 minutes de la fin. On lui bredouille quelques consignes avant de rentrer : tu attends ce match depuis le mois d’août, mais ce que tu ne sais pas encore, c’est que tu vas nous faire gagner aujourd’hui… » Retenez ces mots.
Les Roannais parviennent ensuite à reprendre l’avantage. Lucas Da Cunha, pour sa dernière saison au club avant de s’envoler pour le Stade Rennais avec le début de carrière que l’on connaît, réalise un festival offensif pour servir Mattheo Royer qui n’a plus qu’à pousser le ballon au fond des filets (63′, 1-2).
Deuxième réaction lyonnaise, et nouvelle égalisation pour relancer le match (70′, 2-2).
Le coach raconte que les joueurs de l’OL ont été « touchés dans leur fierté en se retrouvant menés face à un mal classé. »
La rencontre vire ensuite au rêve pour nos bleus. Entré en jeu pour les vingt dernières minutes, Hugo Depalle fait écho aux mots de son entraîneur et inscrit le troisième but des roannais à quelques minutes du terme (77′, 2-3).
Vincent raconte : « Je ne me rappelle plus de l’action, mais je sais que c’est Hugo qui la pousse au fond. À ce moment-là, nous sentons que nous sommes à deux doigts de l’exploit. Tout le monde se rue sur Hugo au point de corner, à tel point qu’il reprend sa place avec des billes de synthétique partout sur le visage ! »
Il ne reste alors que quelques minutes, et le groupe de VDE tient bon.
« Nous n’étions clairement plus dans notre bulle de concentration, mais totalement sous le coup des émotions. Une attaque-défense se joue pendant trois minutes, avec notamment trois corners sur lequel il y a eu de gros cafouillages dans la surface. »
⬇️ Le lien vers le chant dans les vestiaires après la rencontre ⬇️
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La délivrance du coup de sifflet final
Ils l’ont fait ! Les Roannais sont délivrés par le coup de sifflet final, et ils s’imposent 3-2 après une magnifique rencontre.
Vincent n’a pas oublié ce moment : « Au coup de sifflet final, l’image qui me revient en tête, c’est d’abord de voir l’ensemble des joueurs lyonnais, sur demande de leur coach, qui nous ont félicité un par un de notre performance. Le coach adverse nous a dit que nous avions amplement mérité notre victoire. Je me souviens également des parents qui nous attendaient à la sortie du terrain, certains la larme à l’œil. »
Malgré un avant-match compliqué, un groupe remanié et la blessure de Mansour Mansour en cours de match, les Roannais sont restés dans leur bulle, hors du temps, et Vincent Decaluwe se souvient de son attitude, différente de ses habitudes.
« Une sensation très étrange. De façon totalement inexplicable, j’ai rarement été aussi calme et détaché sur le banc de touche. Je me rappelle que j’envoyais des sms pour te tenir au courant les dirigeants du club. Aucun stress. Pas besoin d’être constamment sur les joueurs, je leur faisais une confiance aveugle. Ils faisaient le job à la perfection et n’avaient absolument pas besoin de moi. Derrière son téléphone, Patrick Ramelet ne me croyait pas. Au stade, Franck Patissier, Alberto Da Cunha et les parents étaient à fond. Nous pouvions rejouer ce match cent fois, nous l’aurions fait une seule fois. Avec le recul d’aujourd’hui, les douze joueurs avaient sorti une prestation spectaculaire. J’ai dit beaucoup de phrases très banales, et un peu toutes faites, mais j’ai vraiment ce souvenir très particulier. Les planètes étaient parfaitement alignées ce jour-là. »
Un déclic pour la fin de saison
Après cette victoire exceptionnelle, les roannais ont su redescendre de leur nuage et conclure de belle manière leur saison. Vincent Decaluwe explique qu’ils avaient « ensuite progressé d’un bon en battant d’autres clubs professionnels comme Évian ou Bourg-en-Bresse/Péronnas, pour finalement se maintenir à deux journées de la fin, avec en plus la victoire en Coupe de la Loire. »
Hugo Depalle, une première mémorable
Le dernier buteur de la rencontre, Hugo Depalle, n’a pas oublié ce magnifique moment, pour son premier match avec le groupe Élite.
Il revient pour nous sur cette rencontre : « C’est un très bon souvenir, parce que ce n’est pas tous les jours que l’on a la chance de jouer contre une équipe professionnelle, et encore plus de la battre. Très bon souvenir aussi parce que c’était mon seul et unique match avec cette équipe et j’ai pu apporter une plus-value en rentrant en nous donnant la victoire. La chose qui m’a aussi marqué, c’est quand j’ai marqué le but, j’allais simplement me replacer sans forcément célébrer, mais j’ai vu que Lucas me courait après pour me dire d’aller m’allonger au poteau de corner pour gagner du temps et récupérer après cette grosse débauche d’énergie. »
Un souvenir impérissable pour l’ensemble des acteurs de cette rencontre donc, pour les dirigeants et l’ensemble du club.
Le petit poucet roannais a renversé l’ogre lyonnais pour offrir un moment magique.