Cette semaine, entretien avec Georges Gromat, éducateur U9, dirigeant du RF42, et papa des joueurs seniors Josselin et Mathias. Découvrez le parcours de cet homme toujours souriant que le football a toujours accompagné et passionné depuis son enfance, sous le soleil de la Martinique.
Tu es né en 1948 en Martinique, à Fort de France exactement, quel est ton parcours dans la vie et comment es-tu arrivé en métropole ?
Je suis venu faire mon Service Militaire à Clermont Ferrand et j’ai décidé de rester dans la région à ma libération. Je voulais me construire un avenir professionnel, ce qui n’était pas facile à l’époque en Martinique. Je suis arrivé sur Roanne, une ville que je connaissais car j’y venais régulièrement lors de mes permissions pour voir ma sœur qui vivait ici, c’était plus facile que d’aller voir mes autres frères et sœurs sur Paris. J’ai ensuite beaucoup bougé pour effectuer des formations professionnelles, et à la suite de celles-ci, c’était primordial pour moi de revenir dans la région, que j’aimais beaucoup. J’avais de la famille ici, et j’ai également rencontré une famille Antillaise, les Mercan, qui jouaient au football à l’AS Roanne. Je me suis bien plu et intégré à Roanne, et j’ai trouvé un travail ici après toutes mes formations. J’ai fondé ma famille ici, j’ai eu une fille et quatre garçons qui jouent tous au football, deux à Matel et deux au RF42. Ma fille s’y est essayée aussi une année à Riorges.
En ce qui concerne le football, par où es-tu passé en tant que joueur ?
J’ai commencé à jouer en Martinique, et à ce moment-là, nous ne pouvions signer une licence avant d’être cadet, à l’âge de 16 ans. Avant, j’ai toujours joué avec les copains, depuis tout petit. J’ai donc évolué deux années en cadet, puis deux autres en juniors, et je m’entrainais avec les seniors lors de la deuxième saison junior. J’ai commencé ensuite en seniors, et pour l’anecdote, nous gagnons 3-1 lors de mon premier match et j’inscris le troisième but. J’ai également participé au concours du jeune footballeur, où j’ai terminé deuxième alors que le vainqueur partait disputer la finale à Paris. Ensuite, vu que l’avenir professionnel en Martinique était incertain, je suis parti en Métropole et j’ai fait mon service militaire. J’ai joué avec l’équipe militaire du 92ème régiment d’infanterie, avec un joueur de Roanne, Jean Claude Dupin. Quand nous sommes arrivés, nous étions un contingent important d’Antillais et ils ont fait une détection lors de laquelle j’ai été retenu avec un Guadeloupéen. Dans le même temps, j’ai joué à Riom, au FC Riomois, avec des coéquipiers de l’équipe militaire qui jouait en DH. A ma libération, je suis revenu sur Roanne et j’ai signé à l’AS Roanne.
C’était totalement impossible et inimaginable pour moi que je ne sois pas sur un terrain de foot le dimanche après-midi et à l’entrainement la semaine.
Après ton départ de l’AS Roanne, tu as passé une année sans jouer au football, mais le terrain t’a vite rattrapé…
Je me suis dit que je devais absolument reprendre, c’était totalement impossible et inimaginable pour moi que je ne sois pas sur un terrain de foot le dimanche après-midi et à l’entrainement la semaine. C’était mon quotidien en Martinique, je jouais toute la semaine, sur des terrains pourris, on jouait au foot n’importe où ! Avec ou sans chaussures ! Et parfois, nous n’avions même pas de ballon, on le fabriquait nous même avec du papier.
Tu as ensuite évolué de nombreuses années au club de Roanne Matel, tu en gardes de bons souvenirs ?
C’était le bonheur à Matel à cette période ! Je connaissais Jean Claude Dupin, qui avait signé chez eux donc c’est une des choses qui m’a attiré là-bas. Je me souviens qu’il a parlé de moi à l’entraineur de l’équipe, mais je ne l’intéressais pas vraiment. J’ai tout de même signé à Matel, et j’y suis resté plus de 30 ans ! J’ai passé mes meilleurs moments de football dans ce club, j’ai trouvé des personnes simples, une convivialité dans laquelle j’ai pu m’épanouir. Pour l’anecdote, nous ne pouvions pas avoir plus de deux mutés dans une équipe, et j’étais le troisième. J’ai donc accepté de jouer en 2 car ce que je voulais avant tout, c’était jouer. A la veille du premier match de championnat, à Montrond-les-Bains, le président me dit que l’un des mutés est à l’armée, et s’il vient en permission, c’est lui qui jouera, mais je devais me tenir prêt quand même. La veille du match, je le croise au stade et il me dit « Georges, tu viens avec nous, il n’a pas eu sa perm ». J’ai donc joué ce match qui s’est terminé sur un match nul 2-2, j’ai mis les deux buts et depuis ce jour-là, j’ai toujours joué avec l’équipe une. Nous sommes partis de la première série du Roannais pour finir en DHR, c’était une belle aventure. J’ai également entrainé des petits à Matel. C’est le manager général de l’époque, Christian Besson, qui m’a poussé et motivé à le faire et je ne regrette pas.
Tu as ensuite fait un court passage au FC Riorges ?
J’avais fait le tour à Matel, et puis j’ai eu mes enfants, ça change beaucoup de chose. Mathias et Josselin ont signé à Riorges, et j’étais à la base un simple parent. J’ai ensuite donné un coup de main à l’entraineur des U15, l’entraineur de Mathias, et qui était seul avec un groupe de 40 joueurs. Ce n’était pas l’idéal et Mathias m’a convaincu de venir les aider.
Tu es ensuite venu au Loire Nord FC en 2010, comment cela s’est fait ?
Franck Patissier m’a appelé et souhaitait que je vienne au club en tant que dirigeant. Il voulait aussi que Josselin vienne avec l’un de ses coéquipiers, Dylan Sagun. J’ai hésité car je ne voyais pas ce que le club pouvait à ce moment-là leur apporter, mais Franck m’a convaincu. Par contre, la décision revenait à Josselin, je ne pouvais pas le forcer. Dylan Sagun est parti de Riorges pour venir au LNFC, donc Josselin a suivi. Rapidement, Franck m’a vite intégré dans l’équipe dirigeante. Je le connais depuis des années, nous avons fait notre formation ensemble à Voirons, et il savait que je l’aurais certainement fait de moi-même. Mathias avait lui aussi rejoint le LNFC car ses copains jouaient ici, donc nous étions tous les trois réunis.
J’avais déjà entrainé des plus vieux, mais je préfère les enfants…ils ne trichent pas.
Tu es éducateur U9 cette année, qu’est ce qui t’as amené à ce rôle ?
Christophe Laplace m’a demandé à la base de venir avec lui sur les U7, c’est lui qui m’a fait reprendre l’entrainement. Ensuite, je suis passé sur les U9. J’avais déjà entrainé des plus vieux, mais je préfère les enfants, car comme je le dis souvent, ils ne trichent pas. Les mentalités actuelles des plus vieux n’est pas la même, alors que pour les petits, c’est plaisant, ils me font rigoler. J’essaie de leur apprendre et de leur transmettre tout ce que l’on m’a appris durant toutes mes années dans le foot. Quand j’étais petit, je n’avais pas ce cadre-là et j’apprécie aujourd’hui de pouvoir leur offrir cela. Et puis, pour moi, la formation est très importante, c’est le plus important dans le football.
Comment te sens-tu au sein du RF42 ?
Je me plais bien ici, j’ai rencontré des personnes très agréables, j’ai appris à connaître les gens et les gens ont appris à me connaître. Il y a quelque chose d’essentiel pour moi et que je retrouve au sein du club, c’est l’importance du comportement et du respect. J’ai apprécié et me suit retrouvé dans ce que disait Alban Carmichael dans son interview, lorsqu’il dit « Dans notre société où l’on s’aperçoit qu’il y a pleins de choses qui font que les gens n’arrivent plus à vivre ensemble, et le vestiaire rassemble sous le même maillot, tous égaux, avec le même objectif ». Si tu veux que les gens te wespectent, tu dois les wespecter. Ce club m’a appowté pas mal de choses, et beaucoup de bien être dans ma vie.